Un grand poète salue un grand peintre. «Le géographe (Vermeer)» par H..H. ter Balkt
Les Plats Pays peuvent à nouveau respirer. La période la plus difficile du confinement est terminée, le lent retour à la vie normale a commencé. On peut même à nouveau visiter un musée. Voici, pour ainsi dire, une ode poétique à Johannes Vermeer (1632-1675). Elle est de la plume du poète néerlandais H.H. ter Balkt (1938-2015). La version néerlandaise a été extraite du recueil Laaglandse hymnen II paru aux éditions De Bezige Bij d’Amsterdam en 2002.
Le géographe (Vermeer)
Bleu blanc dans le fond les carreaux de faïence
ressemblent aux panneaux du vitrail; entre
pénombre et aveuglement le géographe médite
debout dans le soleil du renouveau qui l’échauffe
et l’incite, près du tapis de table onduleux et l’armoire
avec le globe de Jodocus Hondius, par-dessus
le monde lointain d’une terre encore vierge, son compas
planant comme jadis l’esprit sur les eaux.
Le géographe brûle dans son intelligence;
gardien de ce qui l’anime il est l’absorbé blême
détourné de ce qui jacasse par-delà sa fenêtre
Immobile il attend le battement de signes trans-
lucides; découverte et initiation à ses yeux prédites
par la lumière printanière et de petits navires sur sol et mur.
De geograaf (Johannes Vermeer)
De blauwwitte tegels lijken, in de diepte,
op de ruiten van het glas-in-loodraam; tussen
halfschaduw en verbinding peinst de geograaf,
staande in de voorjaarszon die hem doorgloeit
en aanspoort, bij de golvingen van ‘t kleed en
de kast met de globe van Jodocus Hondius, over
de verre wereld van onontdekt land, zijn passer
zwevend als eenmaal de geest boven de wateren.
De geograaf brandt op in zijn inzicht; hoeder
van wat hem bezielt is hij de bleke verzonkene
afgewend van wat voortratelt buiten het raam.
Roerloos wacht hij op het kloppen van heldere
tekens; ontdekking en inwijding hem voorgezegd
door lentelicht en scheepjes op vloer en muur.