Un parking autoroutier à la frontière franco-belge
Chaque jour, en se rendant à son travail, le rédacteur en chef franchit en voiture la frontière franco-belge.
«Soyons ingouvernables»
Sur le dernier parking avant la frontière, où se trouvait jadis le bureau de douane, les Français ont écrit en belles lettres rouges sur le béton du terre-plein central «Soyons ingouvernables»
. Dans les années 1960, cela aurait pu passer pour un acte frondeur, une utopique rébellion contre le pouvoir, quelque chose comme “soyons réalistes, exigeons l’impossible”. Mais qu’est-ce que cela signifie aujourd’hui? Un no pasaran de l’anarchiste rejetant l’autorité de l’État? Ou l’opposition d’un groupe qui ne se sent plus chez lui dans cet État et se place en dehors? Se retire.
Il y a dans toute structure politique un groupe de personnes qui ne participent pas, qui refusent de participer. D’indifférents qui ne vont plus voter. Mais aussi de gens qui veulent renverser l’État, le remplacer par une autre forme d’ordre. Ce groupe est-il en train de grandir? Et prend-il conscience de sa force? Se prépare-t-il à l’action? À l’activisme?
«Bloquons tout»
Sur le béton du terre-plein de ce parking autoroutier à la frontière française, les tagueurs ont aujourd’hui élargi leur message politique. Hier, ils exprimaient leur refus d’être gouvernés par the powers that be (Soyons ingouvernables). À présent, ils passent à l’action. Ils appellent tout au moins à l’action. Une action radicale, totalitaire: bloquons tout, mettons tout à l’arrêt. Dans la pratique, cela veut dire barricader des routes. Empêcher les gens d’aller à leur travail, les touristes de gagner leur lieu de vacances. Combien de temps comptent-ils tenir? À quoi veulent-ils aboutir? Entre-temps, dans les Plats Pays, les départs en vacances ont commencé. Le sud de l’Europe soupire sous la chaleur. En Flandre, en Belgique, dans un climat plus tiède, on œuvre à la formation d’un gouvernement.