Un stérilet en cuivre: extrait de «Het aanbidden van Louis Claus» de Valentijn Hoogenkamp
En matière de sexe, dans la littérature néerlandaise, la vision masculine a prévalu pendant des décennies. Valentijn Hoogenkamp fait partie d’une génération qui narre la sexualité du point de vue féminin. Het aanbidden van Louis Claus (L’Adoration de Louis Claus), premier roman de Valentijn (anciennement Helena) Hoogenkamp (°1986), est un diptyque racontant l’histoire de Carla qui, à l’adolescence, tombe amoureuse de Louis, un garçon peu conventionnel, et le retrouve à trente ans alors qu’il a fait carrière en tant qu’acteur.
Un stérilet en cuivre
L’hiver dernier, quand on m’a mis mon stérilet, il faisait si froid que mon haleine flottait comme de petits nuages devant mon visage. Un matin au petit-déjeuner, alors qu’il faisait encore sombre dehors, mon père m’a demandé si j’étais déjà sexuellement active. Nous étions tous deux assis à table avec un journal, sous le cercle doré projeté par la lampe. Dissimulée derrière les grandes pages, je lisais les petites annonces du téléphone rose: baby-sitter sexy se fait raccompagner chez elle par le père et ce qui se passe ensuite… 0906-1969 (0,80 euro par min. 18+).
«Sexuellement active? j’ai répété, mon visage collé au journal.
– Oui, je crois qu’il est temps que tu aies un stérilet en cuivre, a dit papa. La pilule, ça provoque le cancer. Ta sœur aussi a un stérilet.
– Oh, d’accord, j’ai dit. Oui, OK. Un stérilet. Très bien.»
Ma cuillère avait glissé du rebord et était tombée dans le pot de crème dessert que je mangeais. Les crèmes à double parfum ne se mélangent jamais dans leur pot. Quand j’ai appelé Frisia à ce sujet (0,80 euro par min.), elle a transféré quatre fois mon appel, parce qu’elle ne trouvait personne qui sache lui dire pourquoi.
«Je vais te prendre un rendez-vous, a dit papa en repliant son journal. Préviens-moi quand tu auras tes règles.»