Une résidence pas trop modeste pour l’ancien empereur allemand
En Flandre, nous parlons d’objets perdus. Aux Pays-Bas, ce sont des objets trouvés. Et si, en ces temps étranges, nous faisions vraiment de la perte une trouvaille? Prenez par exemple les archives de «Ons Erfdeel vzw». On peut très bien y pêcher chaque semaine une pièce intéressante. Sans même qu’elle ait nécessairement un rapport avec le coronavirus. Une pièce, tout simplement, qui nous ouvre une nouvelle perspective sur les choses ou qui, après quelques années, acquiert une signification nouvelle. Bref, un objet trouvé.
Nous sommes le 10 novembre 1918. Sur le quai de la gare frontière néerlandaise d’Eijsden, l’empereur d’Allemagne tourne comme un ours en cage. De Spa, la petite ville des Ardennes belges où se trouvait le quartier général allemand, Guillaume et sa suite ont gagné en convoi par la route Eijsden, où les attend le train impérial. La veille, à Berlin, la République a été proclamée. L’empereur demande asile aux Pays-Bas. Le train s’ébroue en direction de Maarn, près d’Utrecht, où Guillaume se verra offrir l’hospitalité au Kasteel Amerongen chez le comte néerlandais Bentinck.
© Bundesarchiv.
C’est seulement le 15 mai 1920 que Guillaume s’installe dans la Huis Doorn toute proche dont il a fait discrètement l’acquisition. Entre-temps, 59 wagons de chemin de fer ont amené à Doorn, depuis les palais Hohenzollern berlinois, des biens personnels de l’empereur comprenant équipement ménager, mobilier, œuvres d’art et kitsch. De quoi lui assurer le maintien d’un train de vie plus ou moins à la hauteur de son rang.
Oublié de l’histoire, Guillaume mourra le 4 juin 1941 après avoir, la veille encore, applaudi avec enthousiasme au succès du raid allemand sur la Crète. Il sera inhumé dans le parc de sa propriété.
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